2007/06/30

C. A. D. Superstar!

"Dans les années 70, alors que j'entrais dans le milieu, j'étais appellée poétesse. Les poètes plus âgés, de la génération Larkin, étaient incroyablement condescendants et portés sur la chose. Quand ils ne vous tapotaient pas la tête pour vous encourager, ils vous mettaient une main au cul".

Comme l'a souligné Faustine qui court et vole tracts à la main sur son vélo aujourd'hui, ce blog manque d'articles bien sentis sur la littérature. Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa, ideo precor... Jour de Gay pride, je pourrais faire fleurir les poètes/auteurs lgbtq que j'aime: Audre Lorde, Yukio Mishima, Staceyann Chin, James Baldwin, Nina Bouraoui... Mais vous êtes de grandes personnes maintenant, alors renseignez vous ici par exemple!

Cet article ne sera consacré qu'à Carol Ann Duffy. Son recueil The World's Wife m'a fait rire. Elle est d'origine écossaise, très renommée, et a un style superbe. Comment dire... Son style est très clair et facile à lire en apparence. C'est là que tout se complique. De sa simplicité apparente et au détour d'un carillon d'échos jaillissent des réseaux de pensées et d'images, le tout finissant par refléter sur le papier des sentiments plus ou moins fugaces. Mmh, ceci pourrait être dit de n'importe quel poète, non? Je ne vais pas déblattérer pendant des heures sur elle, d'autres le font très bien: ici, ici et ici. Je préfère lire ses poèmes, alors lisez plutôt ce qui suit (dont je ne tenterai pas de traduction, sorry)

TEA

I like pouring your tea, lifting
the heavy pot, and tipping it up,
so the fragrant liquid streams in your china cup.

Or when you’re away, or at work,
I like to think of your cupped hands as you sip,
as you sip, of the faint half-smile of your lips.

I like the questions – sugar? – milk? –
and the answers I don’t know by heart, yet,
for I see your soul in your eyes, and I forget.

Jasmine, Gunpowder, Assam, Earl Grey, Ceylon,
I love tea’s names. Which tea would you like? I say
but it’s any tea for you, please, any time of day,

as the women harvest the slopes
for the sweetest leaves, on Mount Wu-Yi,
and I am your lover, smitten, straining your tea.

J'aime bien Havisham et Small Female Skull aussi. Pour lire d'autres de ses poèmes, allez ici et ici. Des analyses sont proposées pour certains d'entre eux, notamment sur ce site, mais elles sont loin de m'avoir emballée.
Vous souvenez vous de cet article sur Romaine Brooks, et le fait d'être enfermé dans l'un des aspects de sa personalité ? Sur la question de sa sexualité, Carol Ann Duffy répond:
"Je ne suis pas une poétesse lesbienne (lesbian poet). Si je suis une icône lesbienne et un modèle, c'est génial, mais si c'est un mot utilisé pour me réduire, alors demandez vous pourquoi quelqu'un chercherait à me réduire. Je n'y pense jamais. Je m'en moque. Je me définis comme poète et mère. C'est tout."

2007/06/25

Tapis Rouge


Cannes offre vraiment une large sélection. On a pu y voir à la séance de 22h30 The Man from London, film d'auteur tourné hongrois en noir et blanc adaptant un livre de Georges Simenon, contenant des plans séquences de 5 minutes filmés avec une mise en scène hyper-lente, tellement lente que les 4/5 des spectateurs ont quitté le Grand Théâtre Lumière en 30 minutes! Des rires fusaient de temps en temps et des personnes irrespectueuses (appelons les comme cela pour ne pas entrer dans le vulgaire) applaudissaient lors des scènes il se passait un minimum d'action. Pauvre réalisateur. Pauvres fans. Il y en avaient, une jeune anglaise qui réalise des documentaires pour le cinéma et la télé expliquait qu'à ses yeux, Béla Tarr est l'un des réalisateurs les plus talentueux du moment. Il s'adresse pourtant à un public particulier - cannois?

Si on peut s'ennuyer devant ce genre de films il n'empêche qu'ils apportent quelque chose à la sélection. Ce sont des films à la limite de l'expérimentation de la mise en scène, tournés avec peu mais avec souvent de très bons acteurs. Toutefois, si ils sont nécessaire à la diversité du cinéma, l'un des buts premiers de celui-ci n'est-il pas de nous divertir (à prendre également au sens de distraire autrement dit de nous faire échapper à la réalité), de nous faire réagir? Or certains films de la sélection ont mal atteints leur but il n'ont pas su éveiller l'attention et rassembler un public assez large.

A contrario, Ocean's Thirteen, qui a su remplir le cahier des charges (action, belle photographie, stars, mise en scène ingénieuse) est toujours au-dessus de la moyenne des blockbusters grâce à Steven Soderbergh, sans être un film qui aura une place de choix dans notre filmographie. Allez, avouons qu'il est toujours jouissif de voir une scène comme celle avec Oprah qui fait pleurer Brad et Georges quand elle offre une maison à une pauvre famille noire. Il faut noter que cet épisode de la saga était assez "éthique": les héros prennent conscience de la condition des travailleurs pauvres mexicains et débutent une grève avec eux... Est-ce Angie qui a influencé toute la bande?

Un juste milieu est peut-être We Own the Night de James Gray, film efficace avec un Joaquin Phoenix toujours aussi bon en manager de nightclub, vilain canard d'une famille de policiers, qui rentre dans le droit chemin lorsque celle-ci est menacée. Un film à voir pour sa mise en scène juste, l'époque 80's alcool et coke bien reconstituée et la chasse à l'homme finale (même si la toute fin est un peu bancale).

Parlons enfin de Asia Argento (encore pardon d'avoir marché sur votre robe!). Si on l'accuse d'être vulgaire, la fille de son père, etc. elle reste une actrice qui dégage une vraie aura, qui vit dans son monde tout en restant accessible. On regrette que Abel Ferrara n'ai pas prévu une danse plus langoureuse pour elle dans Go Go Tales. On remercie Catherine Breillat (encore plus affaiblie après les critiques) de l'avoir choisie pour le rôle d'espagnole farouche et décidée dans Une Vieille Maîtresse. Le film démarre véritablement lorsque que Ryno raconte les dix années de sa relation avec sa maîtresse à une Claude Sarraute qui aurait mieux fait de rester chez elle au lieu de s'improviser actrice. Le récit est prenant, divertissant, digne des grands films traitant de l'époque. Dommage que la parlote des personnages secondaires et leurs jeux baissent le niveau général d'un des meilleurs films français de l'année.

Si il faut dresser un bilan de l'expérience cannoise, ce qu'on pouvait voir autour des projections officielles était plus intéressant/moins décevant que nombre de films. Le Marché du film permettait de découvrir le cinéma du monde entier, Turque, Suisse, Argentin et surtout des films qu'on ne verra sans doute jamais sur les écrans français. Ahh, la Riviera et le tapis rouge nous manqueront...

2007/06/24

Les filles



Après le [mettre un superlatif ici] Kill Bill on attendait avec impatience une autre claque de Quentin Tarantino, l'homme qui sait transformer ses délires cinématographiques inspirés de tous les films bizarres qu'il avait vu durant sa jeunesse en films cultes.



La baffe c'est nous qui avons voulu la lui mettre après avoir vu Death Proof. Pourquoi avoir voulu faire de cette bonne idée de film en double programme un long métrage rallongé de plus de 20 minutes beaucoup trop longues? Pourquoi avoir du coup exigé qu'il soit en compétition officielle alors qu'il aurait largement pu se contenter d'être hors compétition? Pourquoi donc cette mégalomanie de Tarantino?


Car on imagine que la version originale du film devait être excitante et dynamique, débarrassée de toute cette parlote entre filles qui prend trop de place dans la nouvelle version. Les scènes d'actions qui nous collent à nos fauteuils ne font pas oublier l'ennui qui nous envahit pendant les 3/4 du film. Quand on adorait les dialogues qui savait être courts et efficaces des précédents films, on les trouve poussifs ici, superflus. Si les filles peuvent trouver leur compte dans ces pseudo-conversations-qui-montrent-qu'on-les-comprend, on espère pour elles qu'elles n'ont pas jubilé de joie lorsque les filles présentes dans la seconde partie ont trouvé un mag féminin en italien. Cette digression - comme beaucoup d'autres - dont on cherchait un sens n'en avait pas. Car c'est ce qu'on peut vraiment reprocher à Tarantino. Il nous avait habitué à des scénarios sans "clés" cachées et pourtant très scotchant. Là on en cherche en vain pensant qu'il doit bien y avoir une explication derrière tout ce charabia. On doit alors se contenter d'attendre que le 99% de barbant passe.



Ce film est vraiment pour les fans (ou les minettes ou ceux qui aprécient les lap dances) tant les références sont nombreuses, comme la voiture aux couleurs de Kill Bill. Tarantino joue même avec ce qui a fait le succès de ses précédents films, les filles écoutant la radio et blabatent et s'extasient sur des chansons rares trop cool qui ne demandent qu'à être découvertes. Heureusement donc qu'il reste encore la BO dont les publicitaires se sont déjà emparé comme d'habitude. A voir la pub pour la nouvelle twingo qui utilise "Chick Habit" interprété par April March d'après des paroles de Gainsbourg (en français). Ceci dit, tout le monde le dit et personne ne s'en plaint.


Au final Death Proof est bel et bien original, avec une scène finale de vraie cascade qu'on aimerait voir plus souvent au cinéma, mais on est malheureusement pas à l'épreuve de mourir d'ennui.

Maisons d'Edition


En me baladant chez Gibert cet après midi, je me suis rendue compte que ce blog manquait cruellement de références littéraires.

Voici un premier petit aperçu des maisons d'éditions qui me séduisent.

Actes Sud, et surtout, surtout, leur très belle collection de livres de poche, Babel. Les couvertures sont lisses, douces (non je ne vais pas rajouter "soyeuse", je ne fais pas de la pub pour une crème hydratante!) et les illustrations intrigantes et belles. Le choix éditorial est varié, pointu et reste relativement accessible à tout lecteur qui ne se limiterait pas à la prose de Marc Lévy (pauvre Marc, c' est un peu une cible facile, pardon Marc!) D'ailleurs, je suis prête à avouer humblement que la majorité de leur sélection m'est inconnue. Mais ma curiosité est attisée!

Je connais beaucoup plus de romans publiés chez 10.18, qui a longtemps été ma source principale de défrichage et de découverte d'auteurs étrangers.
je me suis rendue compte qu'ils proposent maintenant aux internautes de reproduire le côté "je feuillette en librairie" en leur donnant la possibilité de télécharger les 3 premières pages de certains ouvrages, et en affichant la "4è de couverture" également.
Par exemple, n'hésitez pas à rentrer ds l'univers farfelu de Clifford Chase et de l'ours en peluche de Winkie.

Sinon, il y a bien sûr l'indispensable collection Tashen, qui ne cesse de m'impressionner, et de s'attaquer à des domaines aussi différents que la pub, le design, les multiples courants artistiques ou le cinéma des 60's. A chaque fois, les illustrations mélangent les éternelles reproductions auxquelles on n'échappe pas à de nombreuses photos plus "confidentielles", ou en tout cas moins propagées.
Sur le site de Tashen, on peux même télécharger le catalogue et ses 64 pages PDF remplies d'images plus fantaisistes les unes que les autres. Et comme je suis une nerd, évidemment j'ai le fichier qui encombre mon pauvre bureau virtuel!

Le lien avec les CD ou les DVD s'est peu à peu substitué pour être remplacé par des supports numériques, alors que le livre reste un objet où le contact est primodial. Il y a aujourdh'ui de nombreuses manières de vivre la musique et/ ou le cinéma, et de s'approprier les oeuvres. En ce qui concerne les livres, le plaisir de s'emparer de son "poche" ou de son ouvrage d'art qui traîne nonchalament sur une étagère ou une table basse, ne risque pas de disparaître avant longtemps. Cette prophétie ne m'empêche pas d'être curieuse des bibliothèques numériques et autres initiatives de sites où l'accès à la littéraure se fait par email, et où le livre redevient "feuilleton"

Smoothie mania





J'aborde un sujet qui peux sembler superficiel, et je n'hésite pas à me lancer quitte à affronter des critiques aigues! Voilà, je déclare ma passion pour les smoothies. Jusqu'à présent, ces boissons ultra fruitées, mixées sans colorants, ni conservateurs, étaient très peu présentes, voire même inexistantes sur le marché français. Or depuis quelques temps, je remarque qu'elles envahissent subtilement les rayons des Monoprix, Inno et autres Daily Monop, n'hésitant pas à marcher sur les plates bandes de Tropicana. La marque représentait une sorte de parangon du jus soit disant authentique, "100% pur jus", qui renvoyait Oasis, banga et consorts aux oubliettes de l'artificialité . Mais des petits nouveaux comme Innocent et ses concurrents misent tout sur la vague bio, en offrant mille promesses de qualité, d'onctuosité et de saveurs inédites! Surtout, ce qui les distingue d'une marque relativement impersonnelle comme Tropicana, c'est l'accent porté sur le relationnel client. Le packaging nous révèle qui sont les entrepreneurs, nous informe des idéaux du groupe, nous détaille chaque étape de la recette, etc! Et si ça ne suffisait pas, il y a évidemment internet pour nous communiquer toute la chaîne de fabrication et réussir à nous faire rêver à propos de pulpe et de nectar. En plus, le marketing d'innocent est plutôt drôle


Aux Etats-Unis, les smoothies connaissent un succès similaire aux traditionnels milk shake. A la différence près que les mélanges ne sont pas à base de glace ou de lait. De grandes chaînes comme Jamba Juice ou Smoothie King sont présentes dans toutes les Main Street, au même titre qu'un traditionnel fast food. Sauf qu'une immense partie de l'engouement pour ces mix fruités tient au fait qu'ils communiquent un message de santé et de bien être. En plus, comme on est tous plongé dans l'obsession "manger bouger" "cinq légumes et fruits par jour" et autres slogans qui nous rappellent sans cesse à quel point notre alimentation est déséquilibrée et carencée, les smoothies arrivent comme les sauveurs. Donc, zéro sentiment de culpabilité!
Ah le smoothie ce héros...

Plus étonnant, cette vidéo pour les smoothies Innocent nous livre les atermoiements d'une orange se préparant à être mixée, et donc à "mourir". Les questions existentielles de cette orange sont assez révélatrices, et quasi universelles!
Kudzu, j'imagine que tu apprécieras l'accent British des concepteurs.


Sinon, voici une parodie un peu trop parodique de l'atmosphere jamba juice, et l'esprit "free boost" energik de la chaîne! Pour les non initiés, le "free boost" c'est des vitamines ou des mix censés apporter un apport en protéines, des fibres et autres merveilles pleines d'alicaments.
ça sort de l'équipe du Saturday Night Live, et je ne peux pas m'empêcher de sourire en coin, parce que moi même ce phénomène du free boost m'a tjs amusée quand j'allais me prendre ma petite dose de Rasberry Rainbow ou Mango Mantra, et surtout, surtout l'inégalable Orange-a-peel!

2007/06/23

Regarde, Trie, Clique, Jette





Entre deux tâches d'encre, quelques dessins d'humour noir, et entre les tranches d'humour noir, de l'humour tout court.








2007/06/22

Le rire innocent

Un lego gay et une lego lesbienne s’insultent. L: Curly boy! / G: Lesbo! / L: Butt Pirate ! / G: Fatso! / L: You can’t say that, I’m pregnant ! / G: You’re butt isn’t pregnant !

Ha ha ha, j’aime les blagues douteuses. En y réfléchissant bien, plus les sujets sont douteux, plus le niveau de blague doit être élevé. Je me souviens d’un article de Ha'Aretz dans Courrier qui se demandait s’il était possible de rire de la Shoah. Le rire est un signe de joie, et une manière de marquer les limites de l'acceptable (fait les blagues mais pas butt joke) et la zone trouble (Ouvrez grand les vannes de l'humour).

Prenez le Jamel Comedy Club par exemple. Sa grande marque de fabrique, c’est la diversité ethnico-culturelle de ses comédiens et de sa salle. Et bien 60% du temps, je suis blasée parce que la blague tire sur des ficelles éternelles : tiens! imitons un accent africain pour couvrir une vanne pourrite. L’obsession pour les gays chez les comédiens du Jamel Comedy Club me pousse à me demander si ce n’est pas pour éviter de fâcher une part de l’auditoire qu’ils y ont recours. Critiquer le racisme, ça plait à toute la salle (tant mieux), se moquer (gentiment, et je veux bien le croire) de l’homosexualité, tout le monde rit. Mettre en évidence le racisme entre groupes ethniques, c’est beaucoup plus difficile et moins courant pour le Club. Peur de ne pas plaire à toute la salle? Je suis méchante, ils font tout de même un boulot neuf et intéressant.

C’est pour ça que j’aime certains comiques américains. Ils ont leur défauts, mais à force d’être dans une "société balkanisée", on trouve toujours quelqu'un pour trasher son voisin. Ca fait les beaux jours d’humoristes très très border line comme Sarah Silverman. Par exemple, aux débuts des derniers MTV Movie Awards qui se veulent une célébration populaire du cinéma populaire, elle se moque de Spiderman quand il devient "noir" pour une raison X ou Y. Comme à son habitude, MTV met en gros plan la tête d'un black de service, genre "let's see what the black guy thinks about it!". Et Sarah Silverman de dire "ah, montrons un black pour voir comment il réagit, et s'il rit, c'est que cette blague raciste est ok, en fait, moi WASP, je peux politiquement correctement en rire". South Park est aussi un très bon exemple du refus d'épargner les femmes et les enfants dans le combat absolu contre les tabous. D'ailleurs il serait inutile de taper la liste de leurs victimes. Une seule remarque, ils sont les premiers à se moquer d'eux mêmes. Et ça, ça fait du bien.

Quelques liens drôles/informatifs: Julie Goldman parlant de la possibilité d'un humour extrême.

2007/06/17

Une histoire de coquelicots

Eté + lumière comme dans le film Sideways + enfants qui courent dans les prés verts dorés + chaleur cuisante = coquelicot.

As I drive my friend to the station, je croise les nuées rouges dans les champs de blé.
Vous avez sûrement remarqué les superbes pubs de Kenzô pour son parfum Flower. Ayant sagement acheté sa version plus poivrée et épicée (Oriental flower) il y a un an de cela, j'ai vagabondé sur le site du parfum, où un petit texte disait que ce parfum créait le parfum du coquelicot, fleur sans odeur. Derrière tout cela, il y avait des images de fleur de champs foisonnant dans la ville, malgré sa fragilité, représentation de la femme... Dans le langage des fleurs, le coquelicot signifie l'ardeur fragile.

Bref, c'était très conceptuel.

Le parfum a bénéficié d'une très belle campagne de pub, que vous avez peut-être croisée dans une salle sombre ou sur votre petit écran. Pour votre plus grand plaisir, ceci, ceci (avec Shu Qi) et un making of.
Profitons de ce petit apparté pour souligner la beauté des pubs de Kenzô, notamment celle d'un de ses nouveaux parfums, Amour, avec Good Friday de Cocorosie enfin utilisé pour créer cette atmosphère intimiste, où le sentiment exude tant que sa texture de craie fine affleure sur la pellicule.

Wikipédia et cette douce voix m'apprennent que le coquelicot est une plante qui fait partie des papavéracées, donc cousine du pavot et tante éloignée de ses dérivés psychotropes. En y réfléchissant, je doute que l'on puisse tirer de l'opium des coquelicots qui inondent les champs de blé. Il a tout de même quelques effets calmants. En parlant de blé, c'est apparemment une fleur en voie de disparition à cause de l'utilisation d'herbicides.
Dans plusieurs langues, le mot "coquelicot" est associé aux cultures céréalières (voir les vidéos de la page à droite). Corn poppy est la traduction anglaise du mot. Si vous êtes restés au Royaume-Uni le 11 novembre, vous aurez forcément assisté à la floraison à contre-saison de poppys à TOUTES les boutonnières. C'est impressionnant de voir la mobilisation populaire autour de cette célébration. La comparaison avec la France est éclatante. Ce qui me fait penser au fait qu'en allemand, coquelicot se dit Klatschmohn ou Klatschrose (pavot/rose éclatants). Le coquelicot symbolise les soldats anglais décédés en France lors de la Première Guerre Mondiale, d'où l'importance de la fleur Outre-Manche.

Les pétales du coquelicot sont d'un rouge presque transparents au soleil et ont souvent l'air froissés, qualités sur lesquelles Judith McMillan joue pour photographier l'autre fleur dans le coquelicot et le pavot. Il y a aussi un court de la BBC qui s'appelle Poppy, et qui raconte l'histoire d'une jeune femme, Sangeeta, qui suit son mari en Angleterre pour trouver le désespoir. Triste mais beau.

Bon, on ne fait pas seulement de l'art éthéré couloureux et inodore avec les coquelicots. Les graines de pavot sont très utilisées en cuisine. On fait du pain au maïs et aux graines de pavot, de la mousse de pamplemousse rose au sirop de coquelicot. On cristallise des pétales de coquelicot, l'on fait de la crème glacée, des Petits feuilletés aux fruits rouges et au sirop de coquelicot et des macarons (pour les fainéants, c'est ici).

Et pour ceux qui n'ont pas peur de se salir les mains, sachez que le pavot pousse assez facilement pourvu qu'il y ait de la lumière et de la chaleur (aubaine pour les parisiens en été). Quelques conseils de culture ici et ici. Pour ceux qui en ont marre du rouge, le pavot bleu existe, et ses graines de pavots bleus se trouvent facilement en France, mais aussi sur le net, le résultat sera peut être comparable à cela.

2007/06/15

vogue, divague, et vagabonde










































2007/06/11

Cri


Expérience éprouvante, émouvante, gênante. Ce n'est pas celle de Mariane Pearl, héroïne malgré elle du très touchant film A mighty heart de l'anglais Michael Winterbottom, inspiré du livre du même nom.
Qu'on soit fan ou pas de Angelina Jolie il faut avouer qu'elle a su livrer une grande performance dans ce film qui ne veut pas laisser (lasser) le spectateur et le tient sans cesse en haleine. L'aspect un peu documentaire y est pour quelque chose, la caméra va partout, suit tous les protagonistes de cette histoire tragique. On est à la suite Mariane, qui veut croire en un heureux dénouement même si on l'on sait que celui-ci coupera court tous nos espoirs, le policier qui croit jusqu'à la fin qu'il pourra retrouver le mari de cette étrangère et prouver au monde et aux islamistes que tous les Pakistanais ne sont pas comme eux, on est l'ambassadeur français qui se retrouve impuissant dans cette affaire et qui ne propose qu'une aide inutile dans une telle situation.

L'annonce de la décapitation de son mari provoque chez Mariane une douleur insondable et difficilement montrable à l'écran et pourtant Jolie - qui s'est améliorée depuis qu'elle s'est "ethnicisée" et est devenue responsable - nous transmet toute la dignité et le courage de cette femme qui s'enferme dans sa chambre pour ne pas pleurer devant les autres et pousser un cri qui a retentit dans tout le Grand Théâtre Lumière nous laissant sans voix dans nos fauteuils, nos regards allant à peine vers la vraie Mariane dont on osait imaginer l'émotion qui la parcourait à cet instant là.

On ne tombe jamais dans le voyeurisme, et on sait de toute manière dès le début que l'acte criminel, terrible, ne sera qu'évoqué, et l'autre cri affreux, celui de Daniel ne sera pas entendu. Mariane Pearl a décidé de ne voir la vidéo qu'une fois, avant la naissance de son fils, comme pour exorciser cette peine qui serait restée au fond d'elle et l'aurait empêché de vivre. Le jour même qu'on avait appris qu'une vidéo circulait sur Internet, des amis se vantaient de l'avoir vu et décrivaient de manière imagée la scène d'horreur. En réalité les plus courageux ne sont pas ceux qui l'ont vue et affronté cette vision. Les plus courageux ont été ceux qui ont préférés de pas la voir et ne pas cautionner ce geste inhumain.

vogue, divague, et vagabonde





Chan Marshall et Harmony Korine se sont associé pour ce nouveau clip de Cat Power. J'attendais beaucoup de cette collaboration. Le résultat me paraît relativement ennuyeux.








Un clip sombre et intrigant des "progressive rockers" Mogwai




Blur, ou l'histoire d'une brique de lait!



2007/06/05

Boutons


Pas la peine de revenir sur le film collectif produit pas Gilles Jacob, à savoir Chacun son cinéma, composé de courts-métrages très bons pour certains - Brolin décidément très bon en Redneck qui voit voir... Les Climats dans celui des Coen - d'autres carrément chiants, soyons francs. Admettons néanmoins qu'il n'est jamais facile de regarder une succéssion de courts-métrages pendant une période assez longue sans que nos paupières ne deviennent lourdes.

Paranoid Park frère jumeau de Elephant et petit frère de Last Days est un autre très beau film de Gus Van Sant, tout en symétrie (les habituels shots des personnages de dos), avec toujours - décidément - des jeunes hommes aux cheveux longs, et le format 4:3 si particulier au cinéma utilisé déjà dans Elephant.

L'histoire est celle d'un ado, Alex, qui tue par accident un homme de la sécurité férroviaire nous change un peu du style narratif des précédents film de GVS. Le jeu de certains acteurs laisse à désirer (enfin surtout une, celle qui joue l'ado au physique ingrat boutonneux). Et on accroche pas forcément à l'histoire, qui recèle peu de surprise, mais à l'atmosphère vantienne, aux petites digressions révélatrices du malaise, des questionnements des adolescents. Ainsi les thèmes "habituels" sont évoqués: la première fois, le divorce des parents, la relation avec les adultes, la drogue...
L'esthétique très soignée et originale nous fait découvrir ces thèmes sous un jour inhabituel. Les scènes de skateboard tournées en Super 8 sont superbes. Elle capture en ralentit les mouvements de cette pratique, représentés avec une très bonne compréhension. GSV a tout comprit au fétichisme des ado qui semble futile pour bien des adultes. Aux envies qui leur prend comme s'allonger sur l'asphalte et penser à tout et à rien, se mettre en skate à l'arrière d'un vélo en pleine vitesse.

La scène de l'interrogatoire, lorsque le détective Lu pose des questions à Alex sur ses activités le soir de l'accident, révèle bien l'imcompréhension qu'ont les adultes pour les "boutonneux" (même si Alex a la peau vierge). Alex retrace la soirée type d'un ado désoeuvré, qui part faire un tour en voiture, va manger au Subway même si "c'est cher".

Un ami voit la scène de la voiture lorsque le pote d'Alex, Jared vient le chercher en voiture comme une des plus grandes scènes homosexuelles du film. GVS fait un close-up sur le visage de Jared dans un très long ralentit qui conduit et se tourne de temps en temps pour regarder Alex. Pas vraiment d'opinion dessus. Ce qui est sûr c'est que Jake Miller n'a pas de boutons.