Trois syllabes et les cerveaux fondent en mares arc-en-ciel au goût de barbe-à-papa. La vague
kawaii a de l'âge au Japon (1980s), mais elle est un peu plus fraîche dans nos contrées. De tout temps les hommes ont aimé les
choses doucement colorées et pures et innocentes et fragiles qui minaudent en exhalant un tendre parfum de cookies juste cuits, avec de petits scintillements nacrés sur les bords.
En fait le
kawaii ce n'est pas seulement un "truc pour mioches", c'est une
industrie, une manière d'écrire, une source d'art, de
cuisine, un modèle de
comportement social... Et ce sont les adultes pour qui le
kawaii compte. C'est en tout cas ce que souligne
Sharon Kinsella
, le
kawaii, le
cute, s'inscrirait dans une image idéalisée de l'enfance où tout est pur, bon, un monde alternatif ignorant les pressions sociales du monde moderne, et que l'on retrouverait à travers la notion de cute. Les liens deviennent un peu plus compliqués quand on tombe sur la
dimension érotique du kawaii. Qu'ils sont beaux ces enfants... Dans tous les cas, la vague fait des allez-retours entre le monde occidental, en particulier
les Etats-Unis, et le
Japon, même s'il y a quelque chose de particulièrement japonais là-dedans.
Avec un tel pedigré, il n'est pas surprennant que le "
kawaii", l'hyper-mignon, ait une certaine influence en art. Pre

nnons
Koralie par exemple,
elle peint (entre-autre) des poupées asiatisantes colorées. Mais ce n'est pas de la barbe à papa déversée par sceaux entiers dans vos gorges parce qu'il y a quelque chose d'étrange dans ces poupées très stylisées qui ont toutes la même expression dans des décors différents. En fait, il y a un peu de
kawaii un peu partout, à tel point que
certaines artistes japonaises s'en plaignent.
Partout donc, dans la manière de chanter et les paroles de
Soko, les petits sons qui peuplent les albums de
Cocorosie. Et de l'influence à la réaction, il n'y a qu'un pas, comme
Takashi Murakami "meneur" du Superflat movement et ses champignons aux dents pointues,
Mori Chack et le
No-control grizzlism, ou encore
Kawaii Not. Il y a aussi les
soirées "Tokyo Decadance" qui illuminent ponctuellement l'année au Japon et à Paris et qui mêlent joyeusement
kawaii, goth, "sm gentil", oeufs et vagin (si sii...). Tout un petit monde
décrit pour notre plus grand plaisir.
Kawaii, contre-kawaii, double-kawaii, aucune limite aux combinaisons, qu'on l'aime ou qu'on le déteste, on ne l'évite pas.
PS: pour ceux que ça intéresse, il y a une
expo sur Takashi Murakami à MOCA qui se termine dans moins d'un mois.