2007/06/22

Le rire innocent

Un lego gay et une lego lesbienne s’insultent. L: Curly boy! / G: Lesbo! / L: Butt Pirate ! / G: Fatso! / L: You can’t say that, I’m pregnant ! / G: You’re butt isn’t pregnant !

Ha ha ha, j’aime les blagues douteuses. En y réfléchissant bien, plus les sujets sont douteux, plus le niveau de blague doit être élevé. Je me souviens d’un article de Ha'Aretz dans Courrier qui se demandait s’il était possible de rire de la Shoah. Le rire est un signe de joie, et une manière de marquer les limites de l'acceptable (fait les blagues mais pas butt joke) et la zone trouble (Ouvrez grand les vannes de l'humour).

Prenez le Jamel Comedy Club par exemple. Sa grande marque de fabrique, c’est la diversité ethnico-culturelle de ses comédiens et de sa salle. Et bien 60% du temps, je suis blasée parce que la blague tire sur des ficelles éternelles : tiens! imitons un accent africain pour couvrir une vanne pourrite. L’obsession pour les gays chez les comédiens du Jamel Comedy Club me pousse à me demander si ce n’est pas pour éviter de fâcher une part de l’auditoire qu’ils y ont recours. Critiquer le racisme, ça plait à toute la salle (tant mieux), se moquer (gentiment, et je veux bien le croire) de l’homosexualité, tout le monde rit. Mettre en évidence le racisme entre groupes ethniques, c’est beaucoup plus difficile et moins courant pour le Club. Peur de ne pas plaire à toute la salle? Je suis méchante, ils font tout de même un boulot neuf et intéressant.

C’est pour ça que j’aime certains comiques américains. Ils ont leur défauts, mais à force d’être dans une "société balkanisée", on trouve toujours quelqu'un pour trasher son voisin. Ca fait les beaux jours d’humoristes très très border line comme Sarah Silverman. Par exemple, aux débuts des derniers MTV Movie Awards qui se veulent une célébration populaire du cinéma populaire, elle se moque de Spiderman quand il devient "noir" pour une raison X ou Y. Comme à son habitude, MTV met en gros plan la tête d'un black de service, genre "let's see what the black guy thinks about it!". Et Sarah Silverman de dire "ah, montrons un black pour voir comment il réagit, et s'il rit, c'est que cette blague raciste est ok, en fait, moi WASP, je peux politiquement correctement en rire". South Park est aussi un très bon exemple du refus d'épargner les femmes et les enfants dans le combat absolu contre les tabous. D'ailleurs il serait inutile de taper la liste de leurs victimes. Une seule remarque, ils sont les premiers à se moquer d'eux mêmes. Et ça, ça fait du bien.

Quelques liens drôles/informatifs: Julie Goldman parlant de la possibilité d'un humour extrême.

1 commentaires:

faustine a dit…

j'adore la manière dont Sarah silverman retourne tous les clichés!
En même temps, "je dois avouer que" sur 1h30 de DVD ses manigances et sketch s'épuisent. Je pense qu'elle est idéale pour des extraits.