2007/06/25

Tapis Rouge


Cannes offre vraiment une large sélection. On a pu y voir à la séance de 22h30 The Man from London, film d'auteur tourné hongrois en noir et blanc adaptant un livre de Georges Simenon, contenant des plans séquences de 5 minutes filmés avec une mise en scène hyper-lente, tellement lente que les 4/5 des spectateurs ont quitté le Grand Théâtre Lumière en 30 minutes! Des rires fusaient de temps en temps et des personnes irrespectueuses (appelons les comme cela pour ne pas entrer dans le vulgaire) applaudissaient lors des scènes il se passait un minimum d'action. Pauvre réalisateur. Pauvres fans. Il y en avaient, une jeune anglaise qui réalise des documentaires pour le cinéma et la télé expliquait qu'à ses yeux, Béla Tarr est l'un des réalisateurs les plus talentueux du moment. Il s'adresse pourtant à un public particulier - cannois?

Si on peut s'ennuyer devant ce genre de films il n'empêche qu'ils apportent quelque chose à la sélection. Ce sont des films à la limite de l'expérimentation de la mise en scène, tournés avec peu mais avec souvent de très bons acteurs. Toutefois, si ils sont nécessaire à la diversité du cinéma, l'un des buts premiers de celui-ci n'est-il pas de nous divertir (à prendre également au sens de distraire autrement dit de nous faire échapper à la réalité), de nous faire réagir? Or certains films de la sélection ont mal atteints leur but il n'ont pas su éveiller l'attention et rassembler un public assez large.

A contrario, Ocean's Thirteen, qui a su remplir le cahier des charges (action, belle photographie, stars, mise en scène ingénieuse) est toujours au-dessus de la moyenne des blockbusters grâce à Steven Soderbergh, sans être un film qui aura une place de choix dans notre filmographie. Allez, avouons qu'il est toujours jouissif de voir une scène comme celle avec Oprah qui fait pleurer Brad et Georges quand elle offre une maison à une pauvre famille noire. Il faut noter que cet épisode de la saga était assez "éthique": les héros prennent conscience de la condition des travailleurs pauvres mexicains et débutent une grève avec eux... Est-ce Angie qui a influencé toute la bande?

Un juste milieu est peut-être We Own the Night de James Gray, film efficace avec un Joaquin Phoenix toujours aussi bon en manager de nightclub, vilain canard d'une famille de policiers, qui rentre dans le droit chemin lorsque celle-ci est menacée. Un film à voir pour sa mise en scène juste, l'époque 80's alcool et coke bien reconstituée et la chasse à l'homme finale (même si la toute fin est un peu bancale).

Parlons enfin de Asia Argento (encore pardon d'avoir marché sur votre robe!). Si on l'accuse d'être vulgaire, la fille de son père, etc. elle reste une actrice qui dégage une vraie aura, qui vit dans son monde tout en restant accessible. On regrette que Abel Ferrara n'ai pas prévu une danse plus langoureuse pour elle dans Go Go Tales. On remercie Catherine Breillat (encore plus affaiblie après les critiques) de l'avoir choisie pour le rôle d'espagnole farouche et décidée dans Une Vieille Maîtresse. Le film démarre véritablement lorsque que Ryno raconte les dix années de sa relation avec sa maîtresse à une Claude Sarraute qui aurait mieux fait de rester chez elle au lieu de s'improviser actrice. Le récit est prenant, divertissant, digne des grands films traitant de l'époque. Dommage que la parlote des personnages secondaires et leurs jeux baissent le niveau général d'un des meilleurs films français de l'année.

Si il faut dresser un bilan de l'expérience cannoise, ce qu'on pouvait voir autour des projections officielles était plus intéressant/moins décevant que nombre de films. Le Marché du film permettait de découvrir le cinéma du monde entier, Turque, Suisse, Argentin et surtout des films qu'on ne verra sans doute jamais sur les écrans français. Ahh, la Riviera et le tapis rouge nous manqueront...

1 commentaires:

faustine a dit…

Moi je publierai un post à la gloire de "Silent light" au moment de sa sortie. Film somptueux de Carlos Reygadas que tu as "oublié" de citer dans tes réactions cannoises?
J'ai déjà hâte de revoir ce film âpre et contemplatif, qui démarre et se termine par un lever et coucher de soleil en temps quasi réel!
une histoire simple, un éternel triangle amoureux, une communauté mennonite au Mexique, énormément de séquences silencieuses et hypnotiques... Un cocktail difficile mais envoûtant. A la sortie, j'avais l'impression d'avoir vu un film ovni, hors norme, et ce sentiment est relativement rare! suffisament rare pour avoir été salué par un prix du jury! Bravo à Marjane Satrapi, avec qui il partage ce prix, également non chroniquée sur ce blog.