2007/06/05

Boutons


Pas la peine de revenir sur le film collectif produit pas Gilles Jacob, à savoir Chacun son cinéma, composé de courts-métrages très bons pour certains - Brolin décidément très bon en Redneck qui voit voir... Les Climats dans celui des Coen - d'autres carrément chiants, soyons francs. Admettons néanmoins qu'il n'est jamais facile de regarder une succéssion de courts-métrages pendant une période assez longue sans que nos paupières ne deviennent lourdes.

Paranoid Park frère jumeau de Elephant et petit frère de Last Days est un autre très beau film de Gus Van Sant, tout en symétrie (les habituels shots des personnages de dos), avec toujours - décidément - des jeunes hommes aux cheveux longs, et le format 4:3 si particulier au cinéma utilisé déjà dans Elephant.

L'histoire est celle d'un ado, Alex, qui tue par accident un homme de la sécurité férroviaire nous change un peu du style narratif des précédents film de GVS. Le jeu de certains acteurs laisse à désirer (enfin surtout une, celle qui joue l'ado au physique ingrat boutonneux). Et on accroche pas forcément à l'histoire, qui recèle peu de surprise, mais à l'atmosphère vantienne, aux petites digressions révélatrices du malaise, des questionnements des adolescents. Ainsi les thèmes "habituels" sont évoqués: la première fois, le divorce des parents, la relation avec les adultes, la drogue...
L'esthétique très soignée et originale nous fait découvrir ces thèmes sous un jour inhabituel. Les scènes de skateboard tournées en Super 8 sont superbes. Elle capture en ralentit les mouvements de cette pratique, représentés avec une très bonne compréhension. GSV a tout comprit au fétichisme des ado qui semble futile pour bien des adultes. Aux envies qui leur prend comme s'allonger sur l'asphalte et penser à tout et à rien, se mettre en skate à l'arrière d'un vélo en pleine vitesse.

La scène de l'interrogatoire, lorsque le détective Lu pose des questions à Alex sur ses activités le soir de l'accident, révèle bien l'imcompréhension qu'ont les adultes pour les "boutonneux" (même si Alex a la peau vierge). Alex retrace la soirée type d'un ado désoeuvré, qui part faire un tour en voiture, va manger au Subway même si "c'est cher".

Un ami voit la scène de la voiture lorsque le pote d'Alex, Jared vient le chercher en voiture comme une des plus grandes scènes homosexuelles du film. GVS fait un close-up sur le visage de Jared dans un très long ralentit qui conduit et se tourne de temps en temps pour regarder Alex. Pas vraiment d'opinion dessus. Ce qui est sûr c'est que Jake Miller n'a pas de boutons.

1 commentaires:

faustine a dit…

Rijk, revenons sur Chacun son cinéma. Je suis d'accord avec toi, l'ensemble est inégal, mais je trouve l'idée grandiose. A travers cette projection, c'est tout notre rapport au cinéma, à la salle, à la cinéphilie, qui est exploré. Qui mieux que les réalisateurs pour parler de cette passion si particulière?

J'ai trouvé un lien du blog de David Bordwell qui résume et fait écho à tout ce que j'ai pu analysé pendant la séance.

Pour info, il faut faire défiler un peu son texte avant de tomber dans le vif du sujet.
http://www.davidbordwell.net/blog/?p=932