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2008/02/21

French Quirkism

En parcourant The Onion, je suis tombée sur une interview de Michel Gondry par The A.V. Club qui parle de son dernier film, "Be Kind Rewind", de son coté quirky et de l'auto-production du divertissement. Elle est en anglais, mais j'en ai traduit quelques passages. "Be Kind Rewind" se concentre sur un pâté de maisons. Le personnage joué par Danny Glover tient un magasin de vidéos que la ville menace de fermer. Alors qu'il est absent, toutes les vidéos sont effacées. Le gérant joué par Mos Def et un type du coin, joué par Jack Black, décident alors de sauver le magasin en rejouant toutes les vidéos. Voici donc quelques extraits de l'interview. Vous pouvez la retrouver dans son integralité ici.

AVC: Ce film etait-il inspiré par la realisation de David Chapelle´s Block Party?

MG: Oui, complètement. J'avais ce concept en tête depuis des années, ce gamin qui reproduirait des films, (...) croire que les gens peuvent créer leur propre divertissement, et qu'ils le preféreraient car ils seraient dedans. Et le film n'aurait pas à être abouti techniquement, parce que ce serait comme un home-movie. On ne le regarde pas pour la technique, mais parce qu'il rappelle de bons moments passés entre amis. Il vous reflète: Il vous appartient. Je pensais qu'au lieu de dépenser leur argent pour aller voir des blockbusters, les gens feraient leurs propres films. (...)
Pour ce qui est de David Chappelle, Chappelle était intrigué, interessé par ce projet pour un temps, et il a mentionné quelques films que l'on pourrait refaire: Driving Miss Daisy, Rush Hour 2, c'etait son idée... Boys N The Hood aussi. Ca m'a permis de me sentir plus à l'aise pour parler de certains problèmes. Je suis plutot timide quant à développer des problèmes raciaux. Mais parce que j'ai travaillé avec lui et que je l'ai eu à mes cotes, je me disais: "Ok, Je pourrais en parler. C'est bon". J'ai rencontré Mos Def grace à lui. J'ai commencé à m'interesser davantage aux questions sociales et à l'utilisation du film comme moyen d'être plus sensible au monde qui nous entoure. C'est la première fois que je parle de quelque chose d'autre que le cerveau.
AVC: Certains utilisent le mot "fantasque" (whimsical) pour décrire votre oeuvre. La dernière fois que nous avons parlé, vous avez abordez la negativité que vous partagez avec Charlie Kaufman. Trouvez vous que ces sensibilités entrent en conflit dans vos oeuvres?

MG: Non, je ne suis pas aussi pessismiste que Charlie. Il y a ce pessimisme que nous partageons. (Mais) je voulais faire une comédie qui remonte le moral (feel-good comedy). Mais pas à la Frank Capra. Plutôt comme les italiens, des Vittorio De Sica, des (réalisateurs) plus socialistes. Certaines comédies americaines sont très conservatrices. Elles remontent le moral. Et elles sont géniales, mais ca reste vraiment très très conservateur. Miracle à Milan de De Sica est un superbe film à propos d'une communauté de sans-abris qui créent leur propre systeme. Et un ange qui vient les aider. Au fond c'est des gens qu'il s'agit. Ce n'est pas à propos d'une banque ou d'une entreprise. C'est vraiment des gens qu'il s'agit.

AVC: Ceci est votre second film entièrement issu de votre propre scénario. Pensez-vous travailler à nouveau avec un autre scénariste?

MG: Oui, je vais travailler avec Dan Clowes. Apres quelqu'un comme Charlie Kaufman, la barre est placée haut. Il est difficile de trouver quelqu'un qui... Chez beaucoup de scénaristes, je vois clairement un désir de succès precéder celui de s'exprimer. Parfois les gens s'agacent quand vous voulez etre different. Vous parler d'(un côté) fantasque (whimsical), c'est un mot que j'aime. Mais parfois ils utilisent le mot quirky péjorativement. Alors je suis frustré, parce qu'ils ont l'impression que je fait tout ce que je veux, sans qu'il n'y ait de fondement, et que je m'en fous. Ils ont l'impression que c'est du cynisme. Mais je ne crois pas porter de cynisme en moi. Et si j'en avais... Je hais le cynisme. Je m'en dégage. Je n'aime pas les cyniques. Le cynisme c'est très facile. Vous n'avez pas à le justifier. Vous n'avez pas à battre pour le défendre.

2008/01/16

Post-Irony, quirkiness, low-key sincerity

En écoutant "Holland, 1945" de Neutral Milk Hotel, en glandouillant sur le site d'Etgar Keret, puis sur le site du film inspiré de son livre, La colo de Kneller, Wristcutters: A love story, je suis tombée sur le mot "post-ironic". Dans cet article plus précisément.

Comme beaucoup de mots composés avec le mot "post-", j'ai eu un moment de doute. Qu'est-ce encore que cette vaste foutaise? Puis touchée par la Grâce, je me suis demandée si je n'avais pas trouvé le mot pour décrire cette impression durable que me laissent toute une série de vidéos, livres, articles, chansons et personnes?

Le quirky-post-ironism, c'est le culte de l'instant non-évènementeux dénué de toute prise de position morale et de sens, le non-affecté (qui a un tout petit goût d'affecté), mais qui passe merveilleusement bien, surtout si vous portez des converses défoncées, des vêtements vintage qui clochent adorablement. Vous êtes dans ce petit coin paumé (remarquez qu'il suffit qu'il soit paumé ce coin, genre Suburbia version late 1970s ou plus largement Petah Tiqva...). Autour de vous, des personnages attachants qui font des gaffes, mais qui sont adorables avec leurs défauts, leur beauté adolescente, leurs manières étranges d'être, de ressentir et de communiquer leurs sentiments (joie, amour, humour...). Tout est tellement absurde que ça en devient drôle. Bref, une bulle d'air dans ce monde brutal de surconsommation et d'imitation de masse.

Je mentirais en disant que j'ai parfaitement compris ce que "post-ironic" signifie, mais qui ne ment pas en disant qu'il/elle comprend "post-porn", "post-modern", ou "post-conscious"? Il faut le lier au mot "quirky" apparemment. Il fait partie du vaste monde conceptuel hipster. Qu'est-ce qui fait partie de ce petit monde? Wes Anderson, Arrested Development, Miranda July, Donnie Darko, Eternal Sunshine, Etgar Keret, Garden State et Banana Yoshimoto... A moins que je ne confonde excessivement post-ironic et quirky?

Dans cet article de The Guardian intitulé "The Final Irony", l''auteur brocarde les mauvais usages faits du terme ironie ainsi que l'idée selon laquelle nous serions plongés dans l'époque de l'ironie. Je résume: aujourd'hui l'ironie est une manière de ne jamais prendre position, tout en dénonçant la fausseté constante du discours ambiant. Il n'y a ni vérité ni morale, rien n'est sincère (post-moderne). Il ne reste dans cette absence-fouilli l'instant et la communication des sentiments que l'on arrive enfin à réaliser parce que l'on se tait. Post-ironical-quirkism.

Le quirky comme réponse à la post-irony? Dans le quirky, dans son côté "l'instant, juste l'instant" le cerveau s'arrête de tout brûler au nom de la fausseté et contemple le sentiment qui a enfin une place. L'un aurait besoin de l'autre pour ne pas sombrer dans le sentimentalisme qui révulse de nos jours, ou l'hyper-cynisme qui est juste fatigant (et pas vraiment drôle).

Aah, ces héros en mode mineur qui ne s'assument pas.