2007/06/11

Cri


Expérience éprouvante, émouvante, gênante. Ce n'est pas celle de Mariane Pearl, héroïne malgré elle du très touchant film A mighty heart de l'anglais Michael Winterbottom, inspiré du livre du même nom.
Qu'on soit fan ou pas de Angelina Jolie il faut avouer qu'elle a su livrer une grande performance dans ce film qui ne veut pas laisser (lasser) le spectateur et le tient sans cesse en haleine. L'aspect un peu documentaire y est pour quelque chose, la caméra va partout, suit tous les protagonistes de cette histoire tragique. On est à la suite Mariane, qui veut croire en un heureux dénouement même si on l'on sait que celui-ci coupera court tous nos espoirs, le policier qui croit jusqu'à la fin qu'il pourra retrouver le mari de cette étrangère et prouver au monde et aux islamistes que tous les Pakistanais ne sont pas comme eux, on est l'ambassadeur français qui se retrouve impuissant dans cette affaire et qui ne propose qu'une aide inutile dans une telle situation.

L'annonce de la décapitation de son mari provoque chez Mariane une douleur insondable et difficilement montrable à l'écran et pourtant Jolie - qui s'est améliorée depuis qu'elle s'est "ethnicisée" et est devenue responsable - nous transmet toute la dignité et le courage de cette femme qui s'enferme dans sa chambre pour ne pas pleurer devant les autres et pousser un cri qui a retentit dans tout le Grand Théâtre Lumière nous laissant sans voix dans nos fauteuils, nos regards allant à peine vers la vraie Mariane dont on osait imaginer l'émotion qui la parcourait à cet instant là.

On ne tombe jamais dans le voyeurisme, et on sait de toute manière dès le début que l'acte criminel, terrible, ne sera qu'évoqué, et l'autre cri affreux, celui de Daniel ne sera pas entendu. Mariane Pearl a décidé de ne voir la vidéo qu'une fois, avant la naissance de son fils, comme pour exorciser cette peine qui serait restée au fond d'elle et l'aurait empêché de vivre. Le jour même qu'on avait appris qu'une vidéo circulait sur Internet, des amis se vantaient de l'avoir vu et décrivaient de manière imagée la scène d'horreur. En réalité les plus courageux ne sont pas ceux qui l'ont vue et affronté cette vision. Les plus courageux ont été ceux qui ont préférés de pas la voir et ne pas cautionner ce geste inhumain.

1 commentaires:

faustine a dit…

Je me souviens d'une scène où Angelina/ Marianne craque pour la première fois et s'écarte du groupe pour pleurer seule dans le jardin, sous le regard naif et interrogateur d'un enfant. Je me souviens d'avoir été scotchée par les quelques mouvements de Jolie au moment où elle se reprend et tente de garder son self control, se détournant de sa révolte et de son angoisse pour dire quelque chose au garçon du genre: "I'm silly" et, souriante, elle fait soudain comme si de rien n'était. En quelque seconde, j'ai compris qu'Angelina était une vraie actrice et pas seulement une fille qui joue dans Lara Croft!