En parcourant
The Onion, je suis tombée sur une interview de
M
ichel Gondry par
The A.V. Club qui parle de son dernier film, "
Be Kind Rewind", de son coté
quirky et de l'auto-production du divertissement. Elle est en anglais, mais j'en ai traduit quelques passages. "Be Kind Rewind" se concentre sur un pâté de maisons. Le personnage joué par
Danny Glover tient un magasin de vidéos que la ville menace de fermer. Alors qu'il est absent, toutes les vidéos sont effacées. Le gérant joué par
Mos Def et un type du coin, joué par
Jack Black, décident alors de sauver le magasin en rejouant toutes les vidéos. Voici donc quelques extraits de l'interview. Vous pouvez la retrouver dans son integralité
ici.
MG: Oui, complètement. J'avais ce concept en tête depuis des années, ce gamin qui reproduirait des films, (...) croire que les gens peuvent créer leur propre divertissement, et qu'ils le preféreraient car ils seraient dedans. Et le film n'aurait pas à être abouti techniquement, parce que ce serait comme un home-movie. On ne le regarde pas pour la technique, mais parce qu'il rappelle de bons moments passés entre amis. Il vous reflète: Il vous appartient. Je pensais qu'au lieu de dépenser leur argent pour aller voir des blockbusters, les gens feraient leurs propres films. (...)
Pour ce qui est de David Chappelle, Chappelle était intrigué, interessé par ce projet pour un temps, et il a mentionné quelques films que l'on pourrait refaire: Driving Miss Daisy, Rush Hour 2, c'etait son idée... Boys N The Hood aussi. Ca m'a permis de me sentir plus à l'aise pour parler de certains problèmes. Je suis plutot timide quant à développer des problèmes raciaux. Mais parce que j'ai travaillé avec lui et que je l'ai eu à mes cotes, je me disais: "Ok, Je pourrais en parler. C'est bon". J'ai rencontré Mos Def grace à lui. J'ai commencé à m'interesser davantage aux questions sociales et à l'utilisation du film comme moyen d'être plus sensible au monde qui nous entoure. C'est la première fois que je parle de quelque chose d'autre que le cerveau.
AVC: Certains utilisent le mot "fantasque" (
whimsical) pour décrire votre oeuvre. La dernière fois que nous avons parlé, vous avez abordez la negativité que vous partagez avec
Charlie Kaufman. Trouvez vous que ces sensibilités entrent en conflit dans vos oeuvres?
MG: Non, je ne suis pas aussi pessismiste que Charlie. Il y a ce pessimisme que nous partageons. (Mais) je voulais faire une comédie qui remonte le moral (
feel-good comedy). Mais pas à la
Frank Capra. Plutôt comme les italiens, des
Vittorio De Sica, des (réalisateurs) plus socialistes. Certaines comédies americaines sont très conservatrices. Elles remontent le moral. Et elles sont géniales, mais ca reste vraiment très très conservateur.
Miracle à Milan de De Sica est un superbe film à propos d'une communauté de sans-abris qui créent leur propre systeme. Et un ange qui vient les aider. Au fond c'est des gens qu'il s'agit. Ce n'est pas à propos d'une banque ou d'une entreprise. C'est vraiment des gens qu'il s'agit.
AVC: Ceci est votre second film entièrement issu de votre propre scénario. Pensez-vous travailler à nouveau avec un autre scénariste?
MG: Oui, je vais travailler avec
Dan Clowes. Apres quelqu'un comme Charlie Kaufman, la barre est placée haut. Il est difficile de trouver quelqu'un qui... Chez beaucoup de scénaristes, je vois clairement un désir de succès precéder celui de s'exprimer. Parfois les gens s'agacent quand vous voulez etre different. Vous parler d'(un côté) fantasque (
whimsical), c'est un mot que j'aime. Mais parfois ils utilisent le mot
quirky péjorativement. Alors je suis frustré, parce qu'ils ont l'impression que je fait tout ce que je veux, sans qu'il n'y ait de fondement, et que je m'en fous. Ils ont l'impression que c'est du cynisme. Mais je ne crois pas porter de cynisme en moi. Et si j'en avais... Je hais le cynisme. Je m'en dégage. Je n'aime pas les cyniques. Le cynisme c'est très facile. Vous n'avez pas à le justifier. Vous n'avez pas à battre pour le défendre.