2007/07/14

Sunt mala quae libas - Partie 3


Comme expliqué précédemment, la frontière entre le bien et le mal devient floue, ceux-ci s'interpénétrant. L'individu exprime les multiples facettes de son désir, fussent-elles les plus sombres, les plus immorales, les moins conformes à ce qui semble être son identité (si vous êtes courageux approfondissez en cherchant le "flux héraclitéen des vécus" cher à Husserl, le vrai fond de l'existence selon lui, vous verrez que c'est chaud à comprendre, voire très chaud).
Les personnages "doubles" fascinent, il n'y a qu'à voir le succès du récent Spider-Man 3, construit sur l'ambivalence entre le bien et le mal. Lorsque Spider-man se défait du mal sous la forme de Venom, il doit l'affronter de nouveau sous une forme humaine. On peut faire un parallèle avec la légende du Graal, qu'évoque Maffesoli, dans laquelle Gauvain est l'ombre fraternelle de Perceval. "Lorsque ce dernier se bat contre Gauvain, explique-t-il, il reconnaît s'être battu contre lui-même".

Son analyse de persona est intéressante à ce propos. La personne à des identifications multiples, des masques. En psychanalyse le mot persona vient du grec Περσονα passé au latin (personare, per-sonare : parler à travers) où il désignait le masque que portaient les acteurs de théâtre.
Le pauvre Golum du Seigneur des Anneaux, source de nombreux jeux de rôle, a sans aucun doute une double personnalité. Dans les jeux de rôle on se projette dans des situations extraordinaires, on s'identifie à un héros, on se reconnaît dans un animal, on se ressource dans les éléments primordiaux de la nature: l'eau, le ciel, la terre, le feu. Regardez la bande-annonce du jeu vidéo "Le Seigneur des Anneaux. Les Ombres D'Angmar" sorti le 24 avril, vous comprendrez comme cette tendance est bien réelle.

L'existence dionysiaque (eh oui on parle beaucoup de lui) est aussi un flirt avec la mort. En exacerbant la mort, en la mimant on la dédramatise, on la familiarise. Hegel dans sa Phénoménologie de l'esprit (1807) écrivait: "La vie de l'esprit n'est pas la vie qui recule devant l'horreur de la mort, mais celle qui le supporte et se maintient dans la mort elle-même (…). L'esprit est cette puissance seulement quand il regarde face-à-face le négatif et demeure en lui. Ce séjour est le pouvoir magique qui transforme le néant en être."

Le tableau de Gustave Klimt "La Vie et la Mort" (1908-1911) met en scène, toujours selon Maffesoli, "le mélange étroit d'instinct et de cruauté, d'esprit et de sang, de souffrance et de haine, qui est à l'œuvre dans l'expression du désir" (digression: l'expo consacrée à l'artiste au Lacma fut géniale, et comme le dit un critique, "Los Angeles is the luckiest city in the world for Modern art right now").
Ainsi le "sentiment tragique" de l'existence est que la mort est le vrai prix à payer pour jouir de la vie. C'est en affrontant la mort que l'on devient plus vivant. Les rodéos à la Fast and the Furious sont moins une contestation qu'une initiation, moins une revendication qu'une sorte de pratique rituelle.

Allez, promis la prochaine partie sur le retour à la nature est la dernière.

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