2008/01/16

Post-Irony, quirkiness, low-key sincerity

En écoutant "Holland, 1945" de Neutral Milk Hotel, en glandouillant sur le site d'Etgar Keret, puis sur le site du film inspiré de son livre, La colo de Kneller, Wristcutters: A love story, je suis tombée sur le mot "post-ironic". Dans cet article plus précisément.

Comme beaucoup de mots composés avec le mot "post-", j'ai eu un moment de doute. Qu'est-ce encore que cette vaste foutaise? Puis touchée par la Grâce, je me suis demandée si je n'avais pas trouvé le mot pour décrire cette impression durable que me laissent toute une série de vidéos, livres, articles, chansons et personnes?

Le quirky-post-ironism, c'est le culte de l'instant non-évènementeux dénué de toute prise de position morale et de sens, le non-affecté (qui a un tout petit goût d'affecté), mais qui passe merveilleusement bien, surtout si vous portez des converses défoncées, des vêtements vintage qui clochent adorablement. Vous êtes dans ce petit coin paumé (remarquez qu'il suffit qu'il soit paumé ce coin, genre Suburbia version late 1970s ou plus largement Petah Tiqva...). Autour de vous, des personnages attachants qui font des gaffes, mais qui sont adorables avec leurs défauts, leur beauté adolescente, leurs manières étranges d'être, de ressentir et de communiquer leurs sentiments (joie, amour, humour...). Tout est tellement absurde que ça en devient drôle. Bref, une bulle d'air dans ce monde brutal de surconsommation et d'imitation de masse.

Je mentirais en disant que j'ai parfaitement compris ce que "post-ironic" signifie, mais qui ne ment pas en disant qu'il/elle comprend "post-porn", "post-modern", ou "post-conscious"? Il faut le lier au mot "quirky" apparemment. Il fait partie du vaste monde conceptuel hipster. Qu'est-ce qui fait partie de ce petit monde? Wes Anderson, Arrested Development, Miranda July, Donnie Darko, Eternal Sunshine, Etgar Keret, Garden State et Banana Yoshimoto... A moins que je ne confonde excessivement post-ironic et quirky?

Dans cet article de The Guardian intitulé "The Final Irony", l''auteur brocarde les mauvais usages faits du terme ironie ainsi que l'idée selon laquelle nous serions plongés dans l'époque de l'ironie. Je résume: aujourd'hui l'ironie est une manière de ne jamais prendre position, tout en dénonçant la fausseté constante du discours ambiant. Il n'y a ni vérité ni morale, rien n'est sincère (post-moderne). Il ne reste dans cette absence-fouilli l'instant et la communication des sentiments que l'on arrive enfin à réaliser parce que l'on se tait. Post-ironical-quirkism.

Le quirky comme réponse à la post-irony? Dans le quirky, dans son côté "l'instant, juste l'instant" le cerveau s'arrête de tout brûler au nom de la fausseté et contemple le sentiment qui a enfin une place. L'un aurait besoin de l'autre pour ne pas sombrer dans le sentimentalisme qui révulse de nos jours, ou l'hyper-cynisme qui est juste fatigant (et pas vraiment drôle).

Aah, ces héros en mode mineur qui ne s'assument pas.

5 commentaires:

Rijk a dit…

Great post! Et que penser des comédies à succès récentes comme Superbad et knocked Up sans parler de la mafia Stiller/Wilson/Vaughn/Ferrell? Cette fausse naturalité, ce spontané fabriqué ne serait-ce pas un retour à des comédies qui se veulent plus "vraies"?

Kudzu a dit…

Je n'ai malheureusement pas vu Superbad et le début de Knocked Up m'a rendue nauséeuse. Par contre j'identifie les comédies à la Ben Stiller et Will Ferrell. Je crois voir ce que tu veux dire par fausse naturalité et spontané fabriqué.

Mais je crois que dans ces films la dimension comique l'emporte beaucoup plus que dans des films comme dans Eternal Sunshine ou la Famille Tenenbaum où les choses sont plus "douces-amères". Peut-être que les ficelles sont plus grosses dans leurs comédies.

faustine a dit…

Merci Kudzu! quel retour en fanfare (toute allusion à un certain film et à sa désormais fameuse "visite" n'étant que pure incongruité)ah l'image de Margot Tenenbaum, l'article quirkiesque où chaque référence me faisait sourire dans une espèce d'autosatisfaction jubilatoire et me faisait revenir aux lubies de mes confrères austiniens! Un post qui commence par Neutral Milk Hotel ne peut pas s'égarer de toute façon! Bref, je suis tout simplement ravie!
attention, Rijk, Judd Appatow et sa bande c'est pas exactement le même système que Wes Anderson et sa chic petite bande, même si y a des emprunts au "fratpack" et des cousinages souterrains!
http://en.wikipedia.org/wiki/Frat_Pack
aussi, Judd vient de se ramasser avec sa dernière comédie,"walk hard", mais personne de l'industrie n'a trop cherché à analyser le phénomène, allez lire cet excellent post de mon blog fétiche "the playlist" qui revient sur cette sombre histoire
http://theplaylist.blogspot.com/2008/01/what-no-ones-talking-about-walk-hard.html

Kudzu je suis d'accord avec ta manière de caractériser ce "doux amer"

Kudzu a dit…

Comment cela?! Ton blog préféré n'est pas notre blog?! Je dois admettre que The Playlist est drôle ET incisif, ce qui est inestimable. J'étais sûr que le mot "quirky" allait te réveiller.

Pour ce qui est du rapport entre frat-pack et post-ironic-quirkism, j'ai l'impression que les émulateurs du "piq" se prennent un peu plus au sérieux.

Ex: on peut regarder Eternal Sunshine en demeurant sérieux, sans prendre de distance avec le film, parce que le film prend tellement de distance avec tout (aah, que notre vie quotidienne est ridicule!) que ça compense. Vous avez déjà vu quelqu'un éclater de rire quand Joel dit à Clem "ok" à la fin ? Mais qu'on lui jette la première pierre!

A l'inverse, comment regarder Zoolander en gardant "a straight face"? Je crois que les films à la frat-pack tirent moins sur la ficelle "émotion", et donc on peut rire (grassement) de tout. Peut-être paraissent-elles plus vraies en ce sens.

faustine a dit…

c'est vraiment flippant, on avait aussi une photo étrange d'un inconnu dans notre dining room à Pearl. Il est resté relativement longtemps. Aucune raison d'être là. On l'avait même mis dans un cadre. Il était de profil, en noir et blanc, avec une sorte de mouche, ou verrue, je ne sais plus... et on s'est demandé à une époque s'il avait fait de la prison! Je me demande si je n'avais pas pris la photo de cette photo. How post-ironic was that?
mais ils sont assez "obnoxious" tous ces "postadolescents", non?
et ne me dis pas que c'est fait exprès, parce que j'imagine que toute l'idée est là...
Je trouve qu'il ressemble un peu à Ben Stiller le brun de la commune!