2007/07/11

Sunt mala quae libas - Partie 2


"Entrer en soi-même c'est découvrir la subversion" - Edmond Jabès.

Libérer nos pulsions les plus profondes ne veut pas dire obligatoirement entrer dans un monde de débauche. En creusant un peu on découvre que subversion vient du latin subvertere qui signifie "renverser". Ce mot désigne donc le renversement des valeurs et principes d'un système en place. Tout domaine où l'on se réclame de valeurs et de normes peut être renversé: la politique, la culture, l'art, la religion, la morale, etc.

On associe souvent la subversion au trash, mot à la mode. Googlez un peu et vous verrez que Dailymotion, le second résultat, vous propose de "share your trash video". Ce qu'on appelle trash a en fait toujours existé: lorsque Gainsbourg brûlait un billet de 500 francs à la télé, lorsque Madonna draguait un Christ noir… Le trash fonctionne encore plus aujourd'hui parce que l'on vit dans un monde angoissant, on se sent un peu Hébreux: "Mangeons et buvons car demain nous mourrons!" Deux sentiments qui semblent contradictoire se mêlent dans nos esprits. On a peur (de la mort) et envie (de profiter de la vie) à la fois. Il y a ambivalence entre attraction et répulsion. Il y a une curiosité "malsaine" pour les divers accidents, morts, blessures… pour mieux se sentir heureux de vivre. Un désir de voir le malheur, du voyeurisme donc.
La presse ne s'y est pas trompée. On connait le succès de titres comme Choc qui se vend à des centaines de milliers d'exemplaires chaque semaine. Ce type de presse qui s'adresse en priorité aux jeunes qui constituent une cible de choix pour une presse qui va intégrer une forte dose de trash.

La "sagesse" populaire, continue ainsi à reconnaitre les deux entités que sont le bien et le mal, comme équivalentes. Le mal nié ne peut en effet que ressurgir incontrôlé, d'une manière sournoise, perverse, détournée.
Le "trajet anthropologique", notion de Gilbert Durand qui le défini comme un mélange de "pulsions subjectives" (issues de la conscience et de l’inconscient) et d’"intimations objectives" (venues de conditions aussi bien atmosphériques que sociales et historiques, de la physiologie, de réflexes de toutes sortes, de phénomènes sexuels, mais aussi de succion, de digestion), est quant à lui, plus équilibré, sage, humain en ce qu'il accorde droit de cité à ce qui est, et non ce qui "devrait être".
D'où le probable succès commercial de Harry Potter and the Deathly Hallows et de Halloween, "formes modernes de l'antique vénération des esprits" selon Maffesoli.

Pour revenir sur la thématique du dionysiaque, elle conduit à s’intéresser à ce que l’on pourrait appeler “le bon usage de la violence”. Il existe toujours, dans l’homme comme dans la société, une charge d’agressivité et de violence. L’Homo sapiens est aussi un Homo demens (pour folie) selon Maffesoli et l’Histoire nous apprend que les sociétés équilibrées ont été celles arrivaient à joindre ces deux parts de l’individu et de la société, en trouvant des formes d’exutoire à la violence. Dionysos est celui qui en fait bon usage, intime avec les animaux sauvages (souvent représenté sur une panthère ou un léopard), il libère et maîtrise à la fois la violence animale de manière ritualisée.

Nous sommes ainsi amenés à nous interroger sur les multiples facettes de l'homme, ce que nous verrons dans une prochaine partie.

2 commentaires:

faustine a dit…

ça fait très transition de dissert ton "c'est ce que nous verrons dans une prochaine partie".
C'est étrange, on dirait presque que les cours te manquent!

Rijk a dit…

Le clin d'oeil est évident... ;)