20 minutes d’attente avant un rendez-vous qui se révélera plus qu’ennuyeux au Verre Luisant, je me balade dans la rue de la Verrerie et passe devant Lucky Records, et ses vitrines recouvertes d’affiches de Madonna, plus flamboyantes les unes que les autres. Deux mots: Icônes Gaies.
Ces chanteuses (entre autres) représentent une sorte de féminité absolue à l'aura mêlant tragédie, feux de la rampe, dance floor, gloire et paillettes. La tragédie est une part fondamentale de leur être (songez à Dalida), mais le dépassement de cette tragédie est au moins aussi important (dépassement de la petite tragédie: Hung Up de Madonna, au dépassement de la version plus dramatique : Pour ne pas vivre seul de Dalida). Ces femmes ultra féminines sont donc dotées d’une force incroyable, c’est du moins ce que traduit souvent la texture de leur voix, ainsi que "leurs" textes. La démesure est donc le maître mot, comme en témoignent les liens entre icônes gay et culture camp. Personellement, elles me font régulièrement penser à des drag queens.
Sujet complètement dépassé? Attendez de voir l'émulation qui entoure les rumeurs de retraite de Madonna après son über-gay album Confessions.

Dans les années 1950 et 1960, Judy Garland était l’icône gaie par exellence, la chanson « Over the Rainbow » étant en parallèle devenue un hymne de rassemblement pour des raisons évidentes. Depuis, la polémique fait rage sur les sites bien renseignés comme celui-ci, celui-ci ou encore celui-ci: Judy peut elle encore rester sur la première marche du podium alors qu’elle est surtout adulée par des + 30 ? Madonna semble première dans les coeurs, mais Kylie n’est pas loin, et quid des différences culturelles, qui font de Dalida une grande dame de la culture queer française ?
Autre similitude entre toutes ces femmes : ce sont des heteras, avec un grand H. Selon un sondage mêlant dans sa liste hommes et femmes, seules 18% des personnes de la liste sont gay. Interesting. Autre point, ces icônes ont 18 ans révolus - depuis quelques années - comme le souligne Pam Grier, qui remercie la communauté gay d'avoir préservé sa carrière alors que la majorité du monde du spectacle avait oublié son nom avant The L Word.

Toutes identiques ? Absolument pas. Selon certains, il y aurait eu une évolution dans le type de femmes devenues des icônes. Si l’on compare Judy Garland à Madonna, on aurait pour la première une femme à la beauté classique, qui n’est pas encore marquée par la seconde vague de féminisme qui se développe en parallèle du mouvement gay de Stonewall dans les années 1960, et qui au final paraît fragile nerveusement. Madonna, (en particulier la version la plus récente) présente l’image d’une femme belle, forte et indépendante tout en gardant des traits très féminins (corps de jeune fille préservé défiant les lois de la nature, fashion addict, maquillage marqué, chevelure blonde et longue...what a drag!). Idem pour Cher en un sens. Mais les lignes ne sont jamais aussi bien nettes qu’on le souhaite, j’en tiens pour preuve ce commentaire :
"I'm only 33 years old, but if there is ever any queen of gay culture, it's Judy Garland. Why? Because she was a self-hating, crazed, pill popping wench"Enfi

2 commentaires:
Il semblerait qu'une femme devienne une icône gay lorsqu'elle affiche son indépendance et le pouvoir de sa sexualité. Est-ce à dire que dans l'imaginaire homosexuel les hétéros ne l'assument pas?
Il me semble qu'il n'y ait pas un imaginaire gay unique où les hétéros auraient une place unique. Il est vrai qu'il y a cette idée selon laquelle tout hétéro est en réalité bi, il ne le sait juste pas encore, donc peut être l'idée d'une sexualité non assumée.
Mais je ne suis pas sûre que ça fonctionne pour les femmes. Les icônes gaies de la chanson dont je parle ne sont ni des hommes supposés bi, ni définies en premier lieu par leur hétérosexualité marquée. Elles semblent plaire par leur côté exagéré, le fait qu'elles ne cachent pas leurs déboires amoureux.
Enfin bon, moi je dis ça, je ne dis rien.
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