2007/08/02

Je suis l'autre

Yuppie + Skatteuse + Hispanique + Touriste+ Punk = Nikki S. Lee

Alors que des familles sud-coréennes prient pour leurs proches en Afghanistan, vous lisez cet article. Le monde est très étrangement fait.

Une autre coréenne s'agite aussi pour des raisons différentes. Nikki S. Lee se photographie aux Etats-Unis, parfois dans la peau des autre, parfois comme un couple à qu'il manque un membre. Elle se filme aussi “A K A Nikki S. Lee”.

On pourrait discuter de la main tendue vers l'altérité que constituent de telles oeuvres, de la possibilité de comprendre le radicalement l'autre et du dialogue humaniste entre cultures que toutes ces images représentent. Mais je me demande dans quelle mesure ces photos ne brocardent pas aussi ce type d'idées. (Oui, elle se fond bien, mais je la reconnais encore, elle le sait, je le sais, tout le monde le sait... une nouvelle forme de "Où est Charlie?").


J'admire le jeu auquel elle se prête. Car après toutes ces photos organisées mais pas prises par Nikki Lee. Après ces séries de clichés, je me demande qui elle est. Question sur laquelle joue son film. Oserais-je rapprocher Projects du goût de Cindy Sherman pour la masquarade (actuellement en expo au Martin Gropius Bau à Berlin) ? C'est en tout cas ce que Ken Johnson du NY Times fait (ici) . Les photos de Cindy Sherman sont tout de même beaucoup plus "fortes" il me semble, car la masquarade est délibérement rendue plus visible. Dans les deux cas, on peut se demander ce qu'il reste de la "personne" que l'on avait en face de nous une fois le maquillage retiré.

Je me demande aussi dans quelle mesure PROJECTS n'est pas profondément américain, puisque toutes ces photos de groupes ethniques clairement définis et donc reconnaissables immédiatement font écho à la société américaine actuelle joyeusement balkanisée (j'aime bien ce mot). C'est drôle car cela doit lui permettre d'être exposée à peu près partout dans des expos liées à des questions d'identité post-moderne.

PARTS m'intéresse plus car je trouve fascinante la dynamique qui existe dans ces photos: alors qu'un "personnage" est présent, on s'interroge en premier lieu sur l'absent. Je me demande aussi dans quel sens l'on interprète les signaux qui marquent le couple. Car ce sont ces signaux qui nous font chercher à partir d'une personne le membre manquant du couple. Il ne semble pas y avoir beaucoup d'amour ou de tendresse entre les membres du couple deviné, ce qui crée un mélange de distance et d'intimité (il y a contact "froid"). L'absence du membre et l'expression souvent indifférente de N.S.L. sur les photos pose la question de l'existence de ce couple que l'on devine et de sa durée dans le temps. Je ne gloserai pas plus loin, et dirai simplement que je trouve cette photographe intéressante.

Pour une tentative d'analyse risquée mais plus poussée de sphotos de Nikki Lee, rendez donc visite à Thinking About Art.

1 commentaires:

faustine a dit…

merci pour cette découverte!