2007/07/02

Roads to Beth Gibbons



Si je devais me réincarner en une voix, je serais probablement la voix de Beth Gibbons. Après le coup de projecteur de kudzu sur la sublime interprétation de Tricky, à l'origine de Massive Attack, je me suis souvenue que Portishead ne serait qu'un petit groupe certes inspiré mais sans grand interêt s'il n'était pas guidé par la mystérieuse et lancinante Beth.

Bizarrement, son chant est qualifié de "piafesque" sur wikipedia, peut être à cause de son intensité et surtout de son côté rauque et fortement cigaretté. On peut cependant remarquer que sa carrière solo est marquée par plus de douceur. Sa participation semble moins déchirante et désespérée, bien qu'elle se revendique elle même comme relativement torturée: "Suffering for your art is most definitely overrated but I do get a certain, I don't know, satisfaction from being able to deal with my paranoia and insecurity."

Beth apparaît dans le clip glaque, ou planant c'est selon, de Chris Cunningham
Si vous n'avez pas la patience de vous plonger dans l'atmosphère liquide et inquiétante de cette vidéo, sachez que Beth Gibbons surgit à la 57è seconde, à demi flottante. Selon la légende, (donc méfiance!) elle se serait presque noyée pendant le tournage.
Je ne sais pas ce que vous en penserez, mais je crois que l'aspect visuel que je préfère dans ce clip c'est la manière dont ses cheveux bougent dans l'eau. Il y a quelque chose de très léger et serein dans ce mouvement, en total contraste avec le reste de l'ambiance.




Apparement, la chanson solo Tom The Model serait inspirée par le "Do what you gotta do" de Nina Simone (autre grande figure dans mon panthéon personnel!) et l'album explore des tendances plus Billie Hollidayenne (Kudzu, j'ajoute surtout cette remarque pour que tu te jettes sur l'album Out of Season!) et folk à la Nick Drake. Une des chansons est d'ailleurs intitulée Drake, hommage au chanteur?



Difficile de savoir quels sont ses futurs projets, avec ou sans Portishead. Alors, en attendant, je voulais juste vous faire écouter le sublime Roads, qui reste pour moi le morceau le plus mythique de ses années Portishead, bien supérieurs aux déjà très beaux mais surjoués Glory box et sour times.

Ce qui frappe chez Beth Gibbons, en live, c'est ce côté incroyablement habitée par sa musique, recroquevillée sur son micro, une sorte de moment suspendu, où elle semble seule, dans sa bulle, où même l'incroyable orchestre du Roseland New York live à ses côté n'est qu'accessoire.
Au bord des larmes, mais sans le moindre pathos!



1 commentaires:

Kudzu a dit…

Continuons sur le dîner: non, je n'ai pas vu ton (très intéressant!) article sur Beth Gibbons, d'où en partie mon regard un peu perdu ^_^.

En fait, crois-tu que tu pourrais me faire une compil pour que je me mette à Portishead? Compil que nous pourrions partager avec nos ô combien inombrables lecteurs. Sinon je risque de réagir comme à chaque fois face à une sommité que l'on me présente: passer à côté.

Je trouve vraiment intéressante la réflexion de Beth sur la douleur et l'art, mais je crains de ne pas avoir grand chose de plus à dire là-dessus. é_e

Pour ce qui est du replié de Beth Gibbons en concert, ça me fait penser au chanteur de Radiohead quand il chante Creep.

Dernier point, si je devais être une voix, je serais plutôt celle de Tricky, du chanteur d'Interpol ou de Jennifer Cardini, les voix graves c'est mon fantasme avec un grand F.